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Tout le monde le sait, l’alcool a de nombreux effets indésirables quand on en abuse. Cependant, il y a un effet très étonnant qu’on remarque souvent le lendemain d’une soirée trop arrosée (non, ce n’est pas le mal de crâne… :)), c’est notre capacité à agir de façon complètement différente de nos habitudes quand on a bu… différente ? Pas tout à fait…
Nous avons tous en nous plusieurs facettes que nous ne montrons pas facilement, parce que nous avons peur qu’elles ne soient pas acceptées ou parce qu’elles ne le seraient effectivement pas. Pourtant, quand on a bu, tous ces petits traits de caractères, ces petits défauts que l’on essaie de cacher, ou les symptômes qui montrent notre hyperactivité, notre inattention ou notre impulsivité, se voient beaucoup plus. Comment l’alcool accentue les symptômes du TDAH ? Ma réponse en 3 points :
L’alcool accélère notre fonctionnement cérébral :
L’alcool est un excitant, donc il accélère le passage des neurotransmetteurs dans les neurones. Avec les premiers verres, l’alcool aide à « faire sortir le lion qui est en soi » ! C’est-à-dire que les pensées vont couler plus facilement, on va parler et agir plus facilement. Les timides deviennent plus bavards, les coincés plus détendus, on s’intègre plus facilement. Mais à un certain moment, c’est à dire quand la dose d’alcool devient trop élevée, on perd le contrôle.
Pour une personne dont les pensées vont très vite, comme une personne hyperactive ou impulsive, il est d’autant plus facile de perdre le contrôle que le niveau d’activité cérébrale est plus élevé au départ. La personne est déjà en temps normal dans le contrôle de ses traits de caractères pour ne pas “déranger les autres” et rentrer dans la norme.
De plus, le TDA/H est lié à un défaut d’inhibition de réponse dans le cortex préfrontal. Cela veut dire qu’on a tendance à répondre aux stimuli qui nous entourent avant d’avoir correctement traité l’information et d’avoir analysé quelle réponse serait la mieux adaptée !
Et comme l’alcool fait lâcher les barrières psychologiques, tout déborde !
C’est que ce n’est pas seulement nos particularités de personne ayant un TDA/H qui sont accentuées, se sont toutes nos particularités, défauts ET qualités, et c’est valable pour tout le monde. Mais avec un TDA/H, on part déjà avec une jauge un peu plus remplie. 😉
Sur quoi agit l’alcool ?
L’alcool agit sur plusieurs parties du cerveau, notamment le cortex préfrontal. Celui-ci accueille les fonctions de réflexion et de gestion du comportement. Or, selon certains spécialistes du TDA/H comme le Dr Annick Vincent, chez une personne hyperactive, inattentive ou impulsive, ces fonctions agiraient au départ différemment d’une personne qui correspond plus aux normes sociales. Le cerveau est déjà sur-actif ou bien les pensées circulent de manière plus anarchique. Il y a aussi une difficulté à passer de la réflexion à l’action.
Dans le cas d’un cerveau anarchique, une première dose d’alcool permet souvent de rediriger plus rapidement les pensées vers une parole ou une action. Mais cet effet va par la suite amener à un « trop plein » d’activité, qui déborde en hyperactivité qui peut être autant physique que mentale. Les difficultés à modeler son comportement en fonction des autres (et donc l’impulsivité) sont aussi accentuées, l’inattention ou l’hyper-focalisation deviennent plus flagrantes et plus longues.
L’alcool coupe les warnings :
Des recherches ont montré que l’alcool désinhibe en coupant les fonctions d’alerte de certaines parties de notre cerveau, qui permettent d’interagir sans risque dans un groupe social (c’est l’inhibition de réponse).
« L’hypothèse la plus probable est que le fait de s’enivrer altère l’activité des régions corticales frontales. Or, ces régions permettent l’analyse d’une situation et donc le contrôle de nos comportements. »
Mickaël Naassila (directeur du Groupe de recherche sur l’alcool et les pharmacodépendances à l’Inserm)
Par exemple, on a tendance à moins voir les expressions faciales des autres (peur, colère, etc.). Ces expressions et les alertes de notre cerveau sont des fonctions très importantes parce qu’elles nous aident à nous faire accepter dans un groupe social, ou nous empêchent d’en être rejeté. Nous le savons inconsciemment, c’est pour cela que nous écoutons ces alertes qui peuvent se manifester entre autres par de la peur d’agir ou de parler. Lorsque nous avons trop bu, notre cerveau ne nous envoie plus de signaux d’alerte quand notre action n’est pas acceptée socialement, donc on laisse plus aller nos émotions. Pour un impulsif ou un hyper-sensible, ça peut être assez gênant et on voit d’ailleurs souvent des soirées bien arrosées se terminer en “eau de boudin” après quelques paroles ou gestes malheureux (je suis sûre que vous avez quelques souvenirs qui vous reviennent en mémoire, là… non ?).
En conclusion (non, non, je ne vais faire la leçon à personne, à chacun ses expériences !) 🙂 Mais vous savez maintenant pourquoi et comment l’alcool rend plus visible les symptômes du TDAH. Si cela devient un problème pour vous, il vous reste donc deux solutions : boire moins, ou apprendre à mieux vous contrôler en toute circonstance… j’ai bien ma petite idée sur la question, mais ça n’engage que moi ! 😉
En attendant de savoir ce que vous ferez à la prochaine soirée, avez-vous une question en particulier à laquelle vous aimeriez que je réponde dans un article ? Dites-le moi en commentaire s’il vous plait, ce sera plus facile pour moi de vous aider si je sais ce qui vous pose problème ou quelles questions vous voudriez que j’aborde. 🙂 Je vous invite aussi à partager cet article s’il vous a plu, et à mettre un « j’aime » qui se trouve un peu plus bas ou sur le côté de la page.
Pour en savoir plus sur le fonctionnement du TDA/H, voici un autre article qui pourrait vous éclairer : Le TDA/H c’est quoi ?
Bonnes fêtes de fin d’année à tous ! 🙂
Prenez soin de vous, et à très bientôt !
Anne Juguet, Le TDAH au quotidien
Article corrigé par Henri-Pierre Juguet : hpj.correction.redaction@gmail.com
4 Responses
Bonsoir ou bonjour Anne,
Je suis médecin, basé à Bruxelles; je fais actuellement une spécialisation en addictologie (y compris alcoologie). Je suis également TDA, sans H. Mon diagnostic n’a été posé qu’en 2016, après que ma fille de 23 ans eût été diagnostiquée TDAH.
Je suis tombé sur votre site via Google, en cherchant de l’info sur la relation entre TDA et alcool.
J’ai une suggestion à vous faire au cas où vous chercheriez un thème à développer. Je constate que bcp de personnes TDA adultes ont une mauvaise image d’eux/elles-mêmes et une mauvaise estime de soi, en raison de ce qu’ils/elles vivent comme des échecs professionnels en conséquence de leurs difficultés, dans la rédaction d’un document, dans une présentation orale, dans la gestion de leurs priorités, dans leur manque de concentration, etc. Toutes ces difficultés aggravent le manque de confiance en soi.
Qu’est-ce qui peut raisonnablement être fait pour rétablir la confiance en soi et l’estime de soi?
Je pense à des groupes de « self ou de mutual help », comme cela existe pour les diabétiques, les patients atteints de certaines maladies génétiques, etc, mais j’ignore si cela existe, et si cette approche a été correctement évaluée.
Voilà une idée à creuser éventuellement.
Amicalement,
François
Bonjour,
Merci beaucoup pour votre commentaire, c’est effectivement un très bon thème à développer. J’écris régulièrement des articles sur ces difficultés avec des stratégies que l’on peut mettre en place pour améliorer la situation. J’ai aussi écris quelques articles sur les thèmes de la confiance ou de l’affirmation de soi, que vous pouvez retrouver dans la rubrique « Être plus serin ». Je vais approfondir tous ces sujets dans de futurs articles, avec des exercices et des méthodes plus concrets.
L’ebook que j’ai créé contient aussi des informations et actions à mettre en place, n’hésitez pas à me faire un retour selon votre expertise, cela m’aidera beaucoup (surtout si vous avez des sources à amener à ma connaissance). 🙂
En ce qui concerne les groupes d’entraide spécialisé en TDA/H, oui cela existe, mais je crois qu’il n’y en a pas beaucoup. Selon certains spécialistes, ce serait même une des meilleures approches pour aider les personnes en difficultés à avancer. Notamment parce que les solutions qu’apportent les membres des groupes sont des solutions de personnes ayant un TDA/H, qui ressentent les mêmes difficultés et ont trouvé un moyen de les dépasser. Ces groupes sont un excellent moyen pour apprendre à mieux gérer le TDA/H, avec plusieurs cerveaux pour trouver de nouvelles idées. Ils permettent de rester plus facilement motivé et de se sentir intégré. On est plus un martien au milieu de terriens, on se rend compte qu’on a sa place dans la société et des atouts que l’on peut exploiter. Vous pouvez peut-être contacter le service du Dr Gaillac à l’hôpital St Anne à Paris, ils ont mis en place un programme de thérapie de groupe.
De mon côté, j’ai aussi l’intention de développer ce thème par la suite. 🙂
Bonjour,
Je découvre seulement maintenant cet article datant de 4 ans.
Je pense que mon conjoint (42 ans, moi 39) souffre d’un TDAH même s’il n’est pas encore officiellement diagnostiqué (il est enfin en train d’accepter l’idée de voir qqn à ce sujet).
Il a tous les signes caractéristiques: hyperactivité physique, impossibilité de rester en place pour écouter, tendance à se perdre dans ce qu’il fait, distraction, nervosité, tendance à égarer des objets, désordre catastrophique, troubles du sommeil, faible estime de soi…
C’est moi qui l’ai mis sur la piste, suite à certains signes et anomalies flagrants que j’ai relevés en vivant avec lui. Au début je pensais qu’il faisait exprès de laisser traîner tout à travers la maison, avec le temps j’ai fini par me rendre compte qu’il y a avait un vrai problème derrière, ce qui m’a incitée à creuser.
Ce qui m’inquiète vraiment, c’est sa relation avec l’alcool. Il n’est pas « alcoolique » mais a un problème de « no limit » une fois qu’il dépasse un certain seuil. Et surtout, l’alcool a chez lui des effets complètement anormaux.
Personnellement je ne bois pas du tout (hypersensible, j’ai l’alcool triste) donc je peux observer et comparer. Là où une personne normale avec 4 bières est juste un peu joyeuse, lui c’est comme s’il avait pris du speed ou de la coke. Il refait le monde, se prend pour un super-héros, veut mettre la musique à fond et sa joie en devient pénible pour moi. En soirée j’ai honte et je ne sais plus où me mettre ni comment le gérer. Et quand il a l’alcool mauvais, c’est horrible. Il éclate en dépression grave, se met à pleurer, à m’accuser de tous les maux de la terre et à me traiter de la pire des mégères. Dans ces moments là les choses deviennent affreuses car moi aussi je perds mon calme évidemment (je sais que je ne devrais pas mais je ne suis pas en marbre). Bref, je suis terrorisée quand il commence à boire parce que je vais devoir « le gérer » (empêcher qu’il blesse moralement des gens, lui confisquer ses clés de voiture etc…). La soirée est dès lors finie pour moi. Il n’est jamais violent (sinon je serais partie bien entendu), mais parfois j’ai peur qu’il ne se blesse. Du coup maintenant je l’empêche de boire et il se fâche, arguant qu’il ne fait « rien de mal » en buvant 4 bières comme les autres. En effet, car je n’arrive pas à lui faire comprendre que l’effet de l’alcool est différent chez lui et oui, c’est injuste que les autres puissent boire un peu mais que lui soit aussi défoncé avec la même quantité que qqn sous drogue dure. Je n’avais pas fait le lien avec les tdah, mais je pense en effet que votre article tape juste et il m’aide à comprendre. Que me conseillez-vous ? Car ce débat sur l’alcool est un sujet de conflit et actuellement nos relations se détériorent. Parce que c’est devenu terriblement stressant pour moi, je ne peux plus « faire la fête « , car il est là dès qu’on sort, si je veux sortir sans lui il se vexe, du coup je ne peux plus me détendre ni profiter. On ne se rend pas compte de la charge mentale qui pèse sur les conjoints en fait. Je suis en train de craquer, j’en ai assez de tout ramasser derrière lui, de lui rappeler 20 fois les choses, de veiller à ce que le loyer soit payer, tout ça pour EN PLUS me faire traiter de « la mégère chiante qui ne sait jamais laisser aller ». Je ne suis pas une mégère, je veille juste à ce que le ménage tourne, et du coup je passe pour la chieuse de service. Je ressens un terrible sentiment d’injustice.
Nous sommes depuis 3 ans ensemble et j’ai investi beaucoup dans cztte relation, donc j’ai envie de la sauver. Mais j’aimerais tellement avoir moins de charge mentale et qu’il comprenne aussi ce que je ressens et à quel point être avec lui est fatigant.
Car quand je lui fais une remarque sur n’importe quoi, c’est moi qui « l’engueule tous les jours », et tout est toujours « ma faute parce que je suis méchante ». Je commence à être consciente qu’il a un vrai trouble, mais ma bienveillance a aussi des limites, je ne considère pas qu’il soit « méchant » de lui demander tous les jours de débarrasser son assiette… qu’on ait un trouble ok, mais qu’on se cache derrière pour se victimiser, pas ok.
Merci d’avance…
Bonjour Elyse,
Merci pour ce partage. 🙂 Effectivement, c’est un sujet qui peut être difficile à aborder en couple. Qu’il s’agisse de l’alcool ou des traits du TDA/H plus généralement, la communication au sein du couple est un point central pour avancer ensemble.
Plusieurs pistes peuvent être aidantes lorsqu’on rencontre des difficultés :
– Apprendre et s’exercer à mieux communiquer permet de mieux comprendre les émotions derrière les mots, la façon de voir le monde de l’autre, et ainsi de mieux diriger les échanges… souvent, on dit quelque chose et la personne en face en comprend une autre. Ce n’est pas que la personne n’écoute pas ou est de mauvaise foi, c’est que la manière de chaque personne de se représenter le monde, sa manière d’exister, son fonctionnement dans le monde, influence les mots qu’elle utilise pour communiquer.
C’est comme ça que 2 personnes parlant de la même chose et étant en soi d’accord l’une avec l’autre peuvent avoir l’impression qu’elles ne se comprennent pas et ne sont pas en accord sur ce sujet… elles n’utilisent en fait pas les mêmes mots pour exprimer la même chose.
C’est aussi comme ça qu’en désirant améliorer une relation, communiquer ce que l’on ressent, expliquer à l’autre ce dont on a besoin, etc. on peut blesser l’autre sans s’en rendre compte, se sentir blessé en retour par sa réaction que l’on trouve disproportionnée ou décalée… et enclencher un cercle vicieux si on n’a pas conscience de ce qui se joue dans la communication. 😉
Voici plusieurs pistes pour apprendre à mieux communiquer, avec :
– la communication non violente : je conseille par exemple de regarder les vidéos de Issâ Padovani sur le sujet (https://www.youtube.com/watch?v=JZYIiQH5s-U&list=PLdOF5RYxMB5JEdW15zgTZqUqr12V6oH-q)
– ce qu’on appelle « l’intelligence émotionnelle » : par exemple David Lefrançois fait d’excellentes vidéos à ce sujet
– des livres (ou conférences, etc.) sur la communication de couple comme par exemple : Les hommes viennent de mars, les femmes viennent de vénus (qui existe en livre et en spectacle)
– la process communication : Richard Espinasse est excellent sur ce sujet (https://www.youtube.com/watch?v=gZlwxmeK-3Q)
Pour aller plus loin, il existe aussi des formations sur ces différents sujets.
Ces différentes pistes peuvent déjà permettre de débloquer certaines situation vécues comme problématiques au sein du couple.
– Le coaching et les TCC (Thérapies Cognitivo-Comportementales) permettent d’avancer en étant guidé et d’apprendre à mieux se connaître et mieux connaître l’Autre et sa relation à l’Autre. Cela peut être d’une grande aide, que l’on y aille en couple, ou pour soi-même (et les deux conjoints auraient des bénéfices à faire ce type de démarche, pas seulement la personne avec TDA/H ! 😉 )
J’espère que ces indications vous aideront à trouver la meilleure voie pour vous, n’hésitez-pas à me poser d’autres questions si vous en ressentez le besoin. 🙂