Lorsqu’on veut changer quelque chose qui ne nous convient pas dans notre vie, notre quotidien, nous nous heurtons souvent à des freins qui nous empêchent d’opérer ce changement.
Ces freins peuvent prendre beaucoup de formes : la peur d’agir ou le défaitisme, la procrastination ou le manque d’attention aux stratégies que l’on veut mettre en place (on oublie de les appliquer dans la vie de tous les jours), les émotions ou la difficulté à accepter la frustration de faire quelque chose qui ne nous motive pas sur le moment, et bien d’autres !
Et la conséquence de tout cela est que nous n’avançons pas. Nous restons bloqués dans un quotidien qui ne nous convient pas, avec la pensée que pourtant on a les capacités d’y arriver !
Pourtant, on peut tous apprendre à vivre en paix avec le TDA/H.
Il existe plein de stratégies efficaces pour nous soutenir et nous aider à changer ce qui ne nous convient pas, dans les symptômes du TDA/H ou dans notre quotidien, et sur le long terme !
Alors qu’est-ce qui nous bloque ? Et comment réussir ces changements ?
Si vous vous posez ces questions, vous êtes au bon endroit. 😉
Sommaire
Une caractéristique du cerveau qui bloque beaucoup de personnes dans leur évolution
Une partie de notre cerveau (qu’on appellera cerveau reptilien pour des raisons pédagogiques), a pour job de nous garder en vie. Cette partie du cerveau a donc horreur de tout ce qui pourrait mettre notre vie en danger. Elle va donc constamment nous amener à fuir tout ce qui est inconnu, et aussi tout ce qui demande trop d’énergie (qui pourrait être utile en cas de danger demandant beaucoup de ressources).
Pour cela, elle va utiliser nos émotions (la peur, etc.), nos sensations (la fatigue, etc.), nos pensées (”Ça sert à rien / j’en ai marre de faire ça / de toute façon j’y arriverai pas”, ”c’est ennuyeux / fatigant / désagréable de faire ça”, ”je préfère aller me poser devant la TV plutôt que faire ça”, etc.).
Toutes ces frustrations liées au fait de changer, changer ses habitudes, sa manière d’agir et de réfléchir, etc., sont donc les conséquences des messages que la partie de notre cerveau liée à la survie nous envoie.
Changer fait peur, c’est désagréable et c’est frustrant.
Et en réalité, trop souvent on évolue (parce qu’on agit) quand la douleur de ce qu’on vit maintenant devient supérieure à celle liée au fait de changer.
À ce moment-là, beaucoup d’émotions désagréables deviennent si fortes que toutes les parties de nous se mettent d’accord pour sortir de cette situation.
Alors comment faire lorsqu’on veut vraiment changer quelque chose, mais qu’on n’arrive pas à mettre en place les stratégies qu’on apprend ? Ou bien pas sur la durée ?
Comment faire lorsque ce qu’on veut mettre en place est trop frustrant, trop fatiguant, lorsqu’on procrastine ou qu’on n’y pense jamais ?
Comment changer sur le long terme malgré les obstacles
Comme souvent, il existe plusieurs réponses à cette problématique.
Aujourd’hui je vais vous en donner une qui utilise :
- différents fonctionnements du cerveau
- vos émotions (et vous savez comme elles peuvent être puissantes !)
- et des principes très importants que j’aimerais que vous intégriez (et qui vous serviront dans beaucoup de situations).
Et à la base de tout, je vais vous parler de la notion de conscience.
On devient capable de modifier ce qu’on veut en prenant pleinement conscience des conséquences de ce qu’on vit maintenant.
Mais attention : quand je dis « pleinement conscience », ce n’est pas seulement la conscience que l’on a quand on dit ”oui je sais” (savoir n’est pas avoir conscience, tout le monde sait que fumer tue, cela n’a jamais arrêté personne), mais une conscience beaucoup plus profonde et complète. Celle qui nous fait ressentir physiquement, vivre émotionnellement, les conséquences de ce qu’on fait (ou ne fait pas) aujourd’hui. Comme si on y était maintenant.
Pour vous l’expliquer plus clairement, je vais vous raconter une expérience que j’ai vécue :
Pendant des années, j’ai été la reine du retard. Lorsque j’ai suivi une TCC (Thérapie Cognitivo Comportementale) sur le TDA/H, puis un programme de groupe sur le sujet, il y a des exercices et des stratégies que je remettais sans cesse à plus tard.
Pourtant ils étaient bons, mais je n’arrivais pas à les appliquer. Soit je n’y pensais pas, soit j’avais la flemme, ou plus le temps, enfin j’avais toujours une bonne raison de ne pas appliquer ce que j’apprenais !
Un jour, je devais aller à un événement professionnel important pour moi et qui me stressait énormément. Vous vous en doutez, j’ai fini très très en retard…
À tel point que 30 min après l’heure du départ, je me retrouvais à quatre pattes devant ma porte d’entrée, en pleine crise de panique, en hyperventilation, en pleurs et m’insultant de tous les noms d’oiseaux qui me passaient par la tête.
Et c’est à ce moment-là précisément que j’ai réellement pris conscience des implications du fait d’être constamment en retard.
À moyen terme les conséquences allaient être de ne pas trouver de travail ou de ne pas le garder ! Donc de ne pas avoir d’argent ! Donc de ne pas pouvoir vivre !
Et à long terme cela pouvait être de finir sous un pont, sans personne pour m’aider, ou bien dans un hôpital psychiatrique parce que je n’aurais pas supporté cette situation !
Et j’ai pris pleinement conscience que je devais régler mon problème de retard MAINTENANT lorsque je me suis vue 10 ans plus tard, morte de froid sous un pont avec la peur au ventre et une sensation de solitude absolue, et quand j’ai imaginé la vie que j’aurais, jour après jour, si je vivais dans un hôpital psychiatrique, bourrée de médicaments chaque jour et sans espoir de pouvoir contribuer au monde ! Quand j’ai ressenti le vide, le désespoir, la peur et la peine !
C’est à ce moment-là que j’ai pu me rebeller. Je me suis mise en colère, je refusais ce futur !
À partir de ce moment-là et pas avant, ce que je voulais était devenu tellement important pour moi que j’ai foncé pour faire mes exercices de gestion du temps, et mettre en place des stratégies que je procrastinais à appliquer depuis des mois !
J’ai noté ce que je voulais vraiment vivre à la place de cet horrible futur, j’ai fait une résolution de problème, j’ai créé un plan d’action avec des fiches d’observation pour avoir un feed-back et faire des ajustements réguliers, j’ai programmé dans mon agenda ce qu’il y avait à programmer…
Bref, j’ai AGIS. Immédiatement.
Mon esprit était totalement focalisé sur ce que je voulais réussir à faire (être toujours à l’heure à partir de maintenant). Et dans les jours et semaines suivantes, chaque fois que mon quotidien ramenait ce sujet sur le tapis, j’étais capable de retrouver les sensations et la détermination que j’avais ressentis cette fois là, pour m’aider à penser à mes stratégies et à agir.
Je ne procrastinais plus. 🙂
Cette conscience plus complète accentue donc l’importance que notre cerveau met sur ce sujet.
Elle lui donne des lunettes !
(Bien sûr cet exemple est un peu extrême, vous n’êtes pas obligé(e) de vous effondrer par terre en pleurant pour prendre pleinement conscience de quelque chose !)
Ensuite, ce qui va focaliser notre cerveau sur ce qu’on veut vraiment, sur là où on veut aller, c’est le fait de :
- Se rebeller contre ce qu’on ne veut plus
- Affirmer ce qu’on veut vraiment :
- En le prononçant à haute voix en des termes positifs : « je veux être à l’heure à chaque fois », et PAS « Je veux arrêter d’être en retard »
Pour en savoir plus sur les affirmations et comment formuler des instructions d’une manière que votre cerveau comprend et suit, vous pouvez lire cet article. - Et en utilisant nos émotions (la colère, l’espoir, etc.). Les émotions sont d’excellents moteurs de notre motivation à agir !
- En le prononçant à haute voix en des termes positifs : « je veux être à l’heure à chaque fois », et PAS « Je veux arrêter d’être en retard »
- Commencer à agir TOUT DE SUITE, tant que les émotions sont là ! Oui c’est contre-intuitif, et on vous répète souvent qu’il ne faut pas agir sous le coup des émotions (et c’est vrai en principe !), mais dans le cas présent, utilisez vos émotions pour agir de manière constructive, en mettant dès maintenant en place :
- Les stratégies que vous connaissez
- Et des garde-fous pour les jours et semaines suivantes : des stratégies pour vous souvenir de votre résolution, de vos stratégies, et de ce que vous avez ressenti à ce moment précis où vous avez eu cette prise de conscience
Il faut donc que ce qu’on veut devienne tellement important pour soi ”qu’on ne pense plus qu’à ça”.
À ce moment-là on devient conscient de la douleur qui vient du fait de ne pas agir. On est totalement prêt à agir, et on porte réellement notre attention sur ce sujet au quotidien, pour le travailler et évoluer petit à petit.
Pour vous résumer les différents principes à retenir :
– Pour changer quelque chose sur le long terme dans son comportement, dans son quotidien, etc., qui nous pose problème : on a besoin de savoir quoi faire et comment, mais surtout de passer à l’action, chaque jour.
– Pour passer à l’action chaque jour : on a besoin de porter son attention chaque jour sur ce qu’on veut.
– Pour porter son attention sur ce qu’on veut : on a besoin de prendre pleinement conscience de l’importance de passer à l’action.
– Et pour prendre pleinement conscience de l’importance de passer à l’action : on a besoin de prendre pleinement conscience des implications, des conséquences à moyen et long terme de qu’on fait (ou ne fait pas) pour régler son problème.
Donc :
- Prenez pleinement conscience
- Mettez en place les solutions et stratégies que vous connaissez, en faisant une résolution de problème et en déterminant un plan d’action
- Mettez des éléments partout vous permettant de vous rappeler la mission que vous vous êtes fixé (alarmes, post-it, objets divers, tout ce qui va vous rappeler ce que vous voulez vraiment)
- Agissez massivement, et surtout maintenant !
Ces principes m’ont énormément aidé à enfin progresser, là où j’avais toujours échoué.
Aujourd’hui, en continuant de les suivre, j’ai changé énormément de choses dans mon quotidien et dans les comportements qui me posaient problème avant. C’est ce qui m’a permis d’être là aujourd’hui, et de vivre en paix avec mon TDA/H. 🙂
(D’ailleurs, dans mon programme TDA/H Adulte, je vous apprends à appliquer ces principes et je les approfondis avec vous par divers exercices tout au long du programme, pour vous permettre de les faire vôtre !)
J’ai donc quelques questions à vous poser pour vous mettre le pied à l’étrier :
- Quel est le problème sur lequel vous n’arrivez pas à avancer aujourd’hui ?
- En quoi est-ce un problème pour vous ?
- Et quelles vont être les conséquences à moyen et long terme si vous ne résolvez pas ce problème ?
(Allez le plus loin possible dans vos réponses ! Réfléchissez aux conséquences des conséquences, allez au bout du scénario et vivez-le!)
- Qu’est-ce que vous voulez à la place de cela ? Quelle est la situation idéale pour vous ?
Qu’est-ce que vous voulez VRAIMENT ?
(Écrivez en termes positifs, avec une phrase affirmative)
Si vous avez répondu à ces questions, bravo ! Vous avez fait le premier pas vers ce que vous voulez.
Si vous avez réussi à ressentir les choses différemment et que votre conscience de votre problème a pris une nouvelle dimension, alors vous êtes sur la bonne voie. 🙂
Pour continuer sur cette bonne voie vous pouvez aller lire les articles connexes à celui-ci :
- Comment formuler ses affirmations, ses objectifs, etc. (bref, ce qu’on veut obtenir) de manière à ce que le cerveau comprenne et ne fasse pas l’inverse de ce qu’on veut : Lire l’article ici
- Comment avoir un feed-back qui vous aidera à savoir ce que vous devez améliorer dans vos stratégies, pour continuer à évoluer : Lire l’article ici
- L’exercice le plus important pour apprendre à reprendre conscience lorsqu’on part dans la mauvaise direction : Lire l’article ici
Et je vous montre la suite du chemin pour apprendre à utiliser vos stratégies (et savoir quelles actions faire !) dans l’article qui fait suite à celui-ci (on parlera notamment de résolution de problème !). Vous trouverez l’article en cliquant sur ce lien ! 😉
Alors dites-moi en commentaire : quel aspect de votre quotidien ou de vos symptômes du TDA/H aimeriez-vous changer ? Et que voulez-vous à la place ?
Prenez soin de vous, et à très bientôt !
Anne Juguet, Le TDAH au quotidien
