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Depuis la sortie de cet article en 2020, Mr Alexanian a été radié de l’ordre des médecins. Cependant les propos tenus restent justes et ses conseils pertinents, et on m’a plusieurs fois spécifié que les informations qui se trouvent ici sont aidantes. J’ai donc décidé de laisser en ligne ce contenu afin que tout le monde puisse continuer à avoir accès à des indications qui peuvent être importantes pour ceux qui en ont besoin.
Bonjour cher hyper lecteur.
Comment mieux gérer le TDA/H de l’enfant et les conflits familiaux, avec l’école et l’entourage qui en ressortent ?
En 2020 j’ai réalisé une longue interview avec l’ancien docteur en psychiatrie Jean-Baptiste Alexanian.
Pour vous faciliter la vie, j’ai décidé de découper cette interview en plusieurs petites vidéos, plus un podcast de l’interview complète !
Dans cette interview, nous allons voir à partir de quand suivre un enfant chez qui on soupçonne un TDA/H, et comment faire face à une mauvaise relation avec son enfant, avec l’entourage et avec l’école.
Bon(ne) lecture/visionnage !
Anne Juguet :
Pendant la conférence avec le professeur Barkley, donc de décembre, le professeur Barkley a parlé de l’âge auquel commencer à suivre un enfant chez qui on soupçonne un TDA/H, ou une autre différence neurologique, et il parlait de trois ou quatre ans.
Or, moi c’est vrai que je m’attendais à un âge plus avancé, parce que je me disais bêtement en suivant tout le monde que en dessous d’un certain âge le manque de concentration, de maturité, est tout à fait normal.
Du coup je voulais avoir votre avis sur la question. Qu’est-ce qui doit alerter ? À partir de quel âge ? Quand démarre une médication si le besoin se fait sentir ?
Jean-Baptiste Alexanian :
Il n’y a pas d’âge, c’est-à-dire qu’effectivement trois ans moi ça me semble un âge raisonnable. J’ai reçu aujourd’hui un patient dont j’avais reçu un bilan neuro-psycho qui concluait, alors qu’il a trois ans et demi, un TDA/H. J’ai une collègue neuropsychologue qui m’a envoyé ce bilan, et alors pourquoi un TDA/H ? Parce que par rapport aux mêmes personnes du même âge, aux mêmes enfants du même âge (on compare à ce qui est comparable)… par rapport aux mêmes enfants du même âge il souffrait d’un défaut d’inhibition, d’une distractivité et d’une activité plus importante que les enfants du même âge. Et que ça l’handicapait déjà.
Donc il n’y a pas d’âge vraiment, mais je pense que trois ans ça commence à être raisonnable pour commencer à évoquer le diagnostic, voire même faire un diagnostic. Après, dans la littérature effectivement, le traitement (et par méthylphénidate notamment) il a été essayé à partir de trois ans. Donc effectivement c’est aussi pour ça qu’on parle de trois ans, c’est parce que des essais on en a aussi chez l’enfant de 3 ans (alors c’est rare, c’est hyper compliqué de faire des essais chez des enfants en général, alors à trois ans en particulier…). Mais il y a des essais qui nous laissent à penser que ça fonctionne aussi très bien en fait à partir de 3 ans.
Donc dans les situations vraiment extrêmes, quand la psychoéducation, quand les aménagements familiaux, etc. n’ont vraiment pas fonctionné, et personnellement j’en parlais un petit peu aussi avec différents collègues, j’ai fait des vidéos, des interviews sur la chaîne, et je crois qu’on est à peu près tous d’accord, en tout cas moi c’est mon avis, quand vraiment notamment il y a un impact majeur à l’école, mais vraiment majeur, c’est-à-dire qu’un enfant qui a trois ans manque de se faire virer de l’école (moi j’en ai vu un certain nombre) là on est hors AMF c’est-à-dire on est en-dehors des clous, du remboursement habituel, etc.
Mais là, on est un certain nombre sur cette chaîne à dire, là voilà on traite. On traite parce que c’est indispensable, après avoir bien expliqué les choses, après s’être assuré que l’impact est majeur sur le plan scolaire. J’insiste, vraiment majeur, des enfants qui manquent de se faire virer ou voir qui se sont déjà fait virer, moi j’en ai eu. Se faire virer de l’école à trois ans, quatre ans, alors c’est surtout des gamins de quatre-cinq ans. Mais voilà quand c’est majeur il faut le faire.
C’est une faute de ne pas le faire parce que déscolariser un enfant à cause de ses symptômes psychiatriques sachant qu’on sait qu’il y a un traitement qui peut fonctionner, voilà c’est dommage.
Anne Juguet :
Du coup par rapport justement à l’école, et à l’entourage, c’est vrai que c’est un des premiers problèmes dont on me parle ce rapport et surtout l’incompréhension générale par rapport aux problèmes que rencontre la personne avec le TDA/H, adultes et enfants d’ailleurs.
Donc d’après vous qu’est-ce que pourraient faire les parents pour mieux faire face à cette difficulté ? Ou alors si vraiment il rencontre un environnement hostile, être moins affecté par ça ?
Jean-Baptiste Alexanian :
Vous voulez dire les difficultés de l’école ?
Anne Juguet :
C’est-à-dire par rapport… aux rapports qu’ils ont avec leur entourage ou avec l’école.
C’est vrai qu’il y a beaucoup de difficultés parfois à se faire comprendre, a expliquer à l’entourage ou à l’école comment fonctionne l’enfant. Et c’est vrai que parfois ça fait énormément de conflits.
Jean-Baptiste Alexanian :
L’enjeu principal c’est encore une fois la psychoéducation, là pour le coup non pas des parents, mais des enseignants, des proches. Effectivement pour ça il y a vos canaux à vous, il y a la chaîne Fou de Normandie, il y a plein d’autres canaux, il y a TDAH partout pareil, il y a Hyper Super, etc.. Il y a toutes les personnes qui ont à cœur de faire connaître le trouble, connaître le fonctionnement du cerveau en général et faire en sorte qu’il y ait moins de stigmatisation, plus de compréhension.
Donc voilà, encore une fois la réponse c’est la psychoéducation. La psychoéducation permettra de ne plus avoir cette incompréhension de l’entourage.
Après il est aussi normal que l’entourage ne soit pas content des symptômes gênants. Moi je comprends tout à fait les maîtresses d’école, ou les maîtres d’école qui en ont marre. C’est dur à gérer, c’est très dur à gérer, personne ne dit le contraire, mais dans ce cas là il faut se former, il faut savoir qu’il y a des solutions.
Il faut que les parents fassent le nécessaire pour prendre en charge leur enfant, il faut que l’école fasse le nécessaire pour aménager de manière optimum la scolarité de l’enfant. Voilà il faut une AVS parfois, il faut faire un dossier MDPH, il faut qu’il y ai une neuro-psycho dans la boucle, etc, etc., donc de professionnels qui vont accompagner l’enfant, et accompagner l’école aussi dans cette inclusion.
Anne Juguet :
Oui.
Et aussi je pense, aussi un peu parler aux parents de ce qu’est le métier, que ce soit d’éducateur, de professeur… Parce que c’est vrai que des deux côtés il y a une incompréhension en fait. On ne voit pas forcément les difficultés de l’autre partie. Du point de vue des parents, même dans le rapport qu’ils ont à leur enfant, il y a beaucoup de frictions.
Est-ce que vous auriez des conseils à donner aux parents qui se sentent débordés, qui en ont marre, qui n’y arrivent pas, pour réussir à un peu se détacher de tout ça, ou alors essayer de prendre soin d’eux, de quelle manière ?
Jean-Baptiste Alexanian :
Alors bon, d’abord donc encore une fois la psychoéducation je pense que c’est la réponse principale. Ensuite la prise en charge de leur enfant fera qu’il y aura moins de symptômes et que ça se passera mieux.
Et effectivement vous avez raison, il y a une question qui est fondamentale, c’est celle de la prise en charge des parents. Parce que vous l’avez dit très justement, quand il y un enfant TDA/H, il y a quand même de fortes chances que y ait un des deux parents qui ait au moins un fonctionnement un peu TDA/H. Sans forcément en souffrir, mais qu’il soit particulièrement impulsif, particulièrement distractible. Et forcément vous mettez un parent un peu impulsif, un peu distractible, avec un enfant qui l’est aussi et qui est difficile à gérer, ça peut être vraiment vraiment compliqué. Donc il faut que les parents n’hésitent pas à se prendre en charge. Notamment les parents un peu déprimés et anxieux, c’est quand même fréquent chez les parents qui ont un enfant avec un TDA/H, un ou plusieurs, il ne faut surtout pas hésiter à se prendre en charge soi-même, à aller voir un psychiatre, à aller voir un psychologue, à prendre soin de soi, etc.
Voilà moi le conseil que je donnerais, c’est psychoéducation, prise en charge des deux, et déjà avec moins de moins d’éléments conflictuels. Parce que l’idée c’est pas que de gérer les éléments conflictuels, l’idée c’est qu’il y en ait moins d’éléments conflictuels. Voilà.
La démarche sert à ça, et elle fonctionne. Comme le dit Samuele Cortese :
« Le traitement par méthylphénidate, le traitement du TDA/H,
c’est un des traitements avec le meilleur rapport bénéfice/risque en médecine. »
C’est pas moi qui le dit. D’accord ? Les méta-analyses, elles montrent qu’il y a une taille d’effets qui est vraiment bonne, qui est vraiment satisfaisante. Avec un profil d’effets secondaires… alors qui existent, il faut faire très attention, il faut faire toutes les choses dans les règles de l’art, mais qui est vraiment plutôt satisfaisant.
Donc voilà. On n’est pas dans une situation où on gère la misère. Vous voyez on a une situation où on diminue la misère. Et on fait de cette difficulté une richesse même parfois. Voilà l’objectif n’est pas de gérer la misère, l’objectif c’est de faire en sorte que les choses soient bien, qu’il n’y ait plus besoin de gérer des choses difficiles.
Retrouvez aussi l’interview sur le thème de la guidance parentale en cliquant sur ce lien.
Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout, j’espère que ce contenu vous aidera dans vos démarches. 🙂
Prenez soin de vous, et à très bientôt !
Anne Juguet, Le TDAH au quotidien