Vous arrive-t-il souvent de vous retrouver à faire l’inverse de ce que vous aviez décidé de faire ? D’avoir toujours le même type de relations dont pourtant vous ne vouliez plus dans votre vie ? De ne pas réussir à stopper un comportement ou à adopter une nouvelle façon d’être (devenir plus affirmé par exemple) ?
Dans cette série de 4 articles [ Hacker son cerveau ], Je vous aide à dompter votre cerveau et à vous en servir à votre avantage dans différentes situations, avec différentes techniques à utiliser et des explications sur leur fonctionnement (et celui de votre cerveau, car c’est en apprenant à mieux le connaître que vous apprendrez à utiliser ces techniques de manière efficace) !
Dans ce 3ème article de la série, je vais vous aider à mieux comprendre comment ce genre de situations peut arriver et comment votre cerveau vous trahit effrontément, grâce à certains de ces fonctionnements particuliers. Que vous ayez un TDA/H ou non n’est pas important ici, ces fonctions sont les mêmes pour tout le monde !
En revanche, la technique que je vais vous apprendre à utiliser vous permettra de reprendre le dessus sur vos comportements et votre vie, pour aborder toutes ces situations avec plus de conscience et de manière plus positive.
Avant de continuer la lecture de cet article, si vous ne l’avez pas encore lu je vous invite à aller voir le premier article de cette série afin de bien avoir en tête les bases à ne jamais oublier lorsque l’on souhaite travailler sur soi (et sur son cerveau) : Votre plus grosse erreur quand vous souhaitez évoluer
Et maintenant, portons notre attention sur le prochain grand principe à retenir…
Sommaire
Le cerveau ne fait pas ce qu’on veut, il fait ce qu’on lui demande avec précision
C’est à cause de ce principe que vous faites parfois l’inverse de ce que vous aviez décidé de faire :
- Vous aviez décidé de ne pas manger de glace au chocolat aujourd’hui, mais cela fait plusieures heures que l’image de la glace vous harcèle et que vous passez et repassez devant le réfrigérateur.
- Vous en avez marre de rencontrer toujours le même type de personnes qui sont nocives pour vous. Vous ne voulez plus de ces relations et essayez désespérément de les fuir, mais à chaque fois c’est pareil, vous retombez inlassablement sur le même type de personnes.
- Vous aimeriez arrêter d’être timide et essayez diverses techniques pour être plus sûr(e) de vous dans différentes situations, mais rien ne fonctionne vraiment, votre timidité vous bloque à chaque fois et vous n’arrivez pas à la dépasser.
Et cela pour plusieures raisons :
- Une partie du cerveau ( la partie reptilienne) a pour fonction de vous faire survivre, quoi qu’il en coûte. Et c’est la partie la plus rapide du cerveau, car elle doit être la plus réactive en cas de danger.
- De plus, votre cerveau se concentre sur ce que vous lui demandez, mais si vous ne lui demandez rien, il se concentrera sur les dangers potentiels car sa mission première est votre survie.
- Enfin, comme on le verra plus bas, si vous lui demandez quelque chose de la mauvaise manière (en employant des négations par exemple ou en vous concentrant sur le mauvais point), votre cerveau comprendra de travers et vous apportera les mauvais éléments. Cela veut aussi dire que si vous vous concentrez sur ce dont vous ne voulez pas, votre cerveau vous apportera ce que vous ne voulez pas.
L’image des 3 cerveaux
Pour mieux comprendre ce phénomène, imaginez votre cerveau avec 3 couches (c’est bien sûr une image à visée pédagogique, votre cerveau n’a pas 3 couches bien distinctes comme un gâteau 😉 ) :
- La couche basse est votre cerveau reptilien. C’est la partie la plus rapide à agir en cas de besoin. Il est votre « agent de sécurité », c’est-à-dire qu’il fait en sorte que vous soyez toujours en sécurité pour votre survie, même si pour cela il doit aller contre votre volonté et contre votre bien-être. Le cerveau reptilien n’a pas de considération particulière pour vous, ni pour les autres parties du cerveau. Il s’en moque. Lorsqu’une situation est considérée à risque pour lui, il prend les commandes et il fait son boulot.
- La couche moyenne est votre cerveau émotionnel, ou cerveau limbique. C’est ici que se fabriquent les émotions et les sentiments.
- La couche supérieure est votre cerveau cortical. C’est ici que ça réfléchit et résoud des problèmes, c’est-à-dire des équations. C’est aussi la partie du cerveau qui a besoin du plus de temps pour agir et qui est souvent la dernière à avoir la télécommande (il faut que le cerveau reptilien laisse la télécommande au cerveau émotionnel, qui lui-même la laisse au cerveau cortical).
Le mode par défaut du cerveau : survie et automatismes !
Lorsque vous ne demandez rien de particulier à votre cerveau, il fonctionne sur le mode par défaut.
(Le mode par défaut intègre entre autres tout ce qui tient des automatismes, afin de garder son énergie pour les actions les plus importantes. Ce n’est pas le sujet de cet article, mais je devais vous le dire pour vous donner un aperçu un peu plus complet de ce fonctionnement.)
Comme je l’ai dit plus haut, le cerveau a pour fonction de base de vous faire survivre. Donc par défaut votre cerveau va plus facilement faire attention à ce qui est potentiellement dangereux pour vous, selon lui :
- L’inconnu et ce qu’il n’a pas encore identifié
- Les changements et les imprévus
- Ce qu’il a déjà enregistré comme étant dangereux lors de vos expériences passées
- Ce qui est incohérent pour lui
- Etc.
Dans ce mode par défaut, le cerveau reptilien est le maître des lieux. Il tient très souvent la télécommande, et dès que les autres parties du cerveau lui envoient des informations, il agit très rapidement… et j’oserai dire sans réfléchir (puisque que c’est le cerveau cortical qui réfléchit, mais lui n’a pas la télécommande à ce moment-là !)
Mais vous pouvez changer cette tendance en vous entraînant à utiliser des stratégies pour « dire à vos cerveaux reptiliens et émotionnels » que désormais, dans telle situation, ils n’ont plus besoin d’agir.
Pour en savoir plus sur la manière dont votre cerveau vous manipule quand il perçoit un danger, et comment contrer sa technique pour diminuer la peur et vous préparer à vivre de manière plus positive et assurée, je vous renvoie vers l’article précédent de cette série : Modifier vos émotions et futures expériences avec la visualisation
Pour résumer, ce que vous devez retenir :
- Votre cerveau est divisé en 3 parties :
- La partie corticale qui réfléchit mais est la plus lente
- La partie limbique qui est le centre des émotions
- La partie reptilienne qui ne pense qu’à survivre et est la plus rapide
- Par défaut, le cerveau centre son attention sur les dangers potentiels et le cerveau reptilien prend le dessus sur le cortical. Donc par défaut vous faites plus attention à ce qui ne va pas, à ce qui est désagréable, à ce qui fait peur, etc.
Comment vous servir de cette façon de fonctionner à votre avantage ?
Déjà, en prenant conscience de ce fonctionnement dans les moments où vous vous apprêtez à faire l’inverse de ce que vous vouliez.
Dans les 3 exemples que je vous ai donné tout à l’heure, un même principe a joué en votre défaveur à chaque fois : votre attention était tournée vers ce dont vous ne vouliez pas (pour toutes les raisons que je viens de vous expliquer).
- Pour la glace au chocolat : votre cerveau amenait votre attention vers la glace, soit pour se libérer de sensations désagréables (la faim, le besoin d’énergie, le besoin de réconfort, etc.), soit pour assouvir un désir (la glace c’est bon, en manger procure du plaisir et donc de la dopamine, c’est le circuit de la récompense qui s’active).
- Pour les relations dont vous voulez vous défaire : votre représentation de ces relations vous apporte des sensations ou émotions désagréables, peut-être aussi de la peur dans certains cas, etc.. Bref, en y pensant vous amenez votre cerveau à se focaliser dessus (pour contrer le danger !), donc vous faites plus attention dans votre quotidien à ce type de personnes qu’à d’autres, et donc vous ne voyez plus aussi bien les autres. Vous rencontrez ce type de personnes parce que vous pensez à ce type de personnes.
- Pour la timidité : si vous vous dites que vous êtes timide, votre cerveau vous apporte les éléments qui vont dans le sens du fait que vous êtes timide. En fait, c’est vous qui lui demandez de vous montrer que vous êtes timide en portant votre attention dessus.
Donc pour modifier le résultat, prenez conscience du fait que c’est la façon de fonctionner de votre cerveau qui vous amène où vous ne voulez pas, et portez votre attention ailleurs (sur ce que vous voulez, et en tournant vos phrases de manière affirmative !) :
- Pour la glace au choclat : Qu’est-ce qui vous procurerait ce dont vous avez besoin de manière plus bénéfique pour vous ?
- Pour les relations dont vous voulez vous défaire : Quels types de relations souhaitez-vous avoir ? Avec quel type de personnes ?
- Pour la timidité : Au lieu de vous répéter que vous êtes timide, répétez-vous que de jour en jour, vous êtes de plus en plus assuré(e), de plus en plus extraverti. Portez votre attention sur les moments où vous faites preuve d’assurance ! 🙂
Pourquoi tourner ses phrases de manière affirmative :
Le cerveau ne fait pas la différence entre le positif et le négatif. Il ne comprend que les concepts. Par exemple, si vous souhaitez dépasser votre timidité et devenir plus affirmé, vous ne devez pas vous dire :
« Je ne veux plus être timide »
car il va juste comprendre le concept de timidité et il va vous apporter des sensations de personne timide.
Il vaut donc mieux se dire :
« Je veux devenir une personne affirmée »,
« Je vais devenir une personne affirmée »,
« Je décide de devenir plus affirmé(e) »,
etc.
Portons maintenant notre attention sur la prochaine technique…
Les affirmations : une technique de re-conditionnement du cerveau
Le cerveau est capable de se reconditionner en fonction de ce qu’on lui apporte chaque jour.
Nous avons tous régulièrement des pensées automatiques négatives et des distorsions cognitives (qui sont de mauvaises analyses de la réalité, créées par notre cerveau).
Si vous ne savez pas ce que sont les pensées automatiques négatives et les distorsions cognitives, je vous invite à lire mon article consacré à ce sujet qui vous aidera à reprendre le dessus lorsque ces pensées négatives et erronées vous assaillent et vous font passer de mauvais moments : TDA/H et pensées négatives 😉
Le problème, c’est que nos pensées influencent nos émotions qui influencent nos actions. Si nos actions ne sont pas adéquates elles influencent négativement les événements, et donc notre réalité, et cette réalité confirme les pensées que nous avions eu. Nous avons nous même créé notre réalité et confirmé des pensées qui étaient fausses au départ.
Le cercle vicieux des pensées, émotions et actions, avec l’exemple de la personne qui se dit timide :
Donc en modifiant vos pensées erronées et négatives, vous modifierez tout le reste !
En répétant régulièrement cet exercice d’affirmation avec des pensées plus justes et positives, vous re-conditionnerez petit à petit votre cerveau pour qu’il vous amène des pensées plus positives et justes, de manière naturelle !
La technique des affirmations
Voici un protocole simple pour créer des affirmations :
Avant de créer l’affirmation (facultatif mais recommandé !) :
- Que souhaitez-vous réellement ? Votre affirmation doit exprimer clairement et précisément votre idéal. Si besoin, clarifiez cela par écrit : quelle est la vision idéale de vous-même dans la situation qui vous concerne pour cette affirmation.
- Que va vous apporter ce que vous souhaitez ?
- Qui vous engagez-vous à être pour créer cela ? S’engager à être et faire ce qu’il faut pour le devenir sont les conditions premières pour réaliser votre objectif.
- Que vous engagez-vous à faire pour obtenir cela ? Quelles actions, ou actions récurrentes, etc.
Création de l’affirmation :
- Ne créez pas une phrase trop éloignée de ce que vous pensez. Par exemple : si vous pensez que vous n’avez pas confiance en vous, préférez dire ” Chaque jour, j’ai de plus en plus confiance en moi” plutôt que ”J’ai confiance en moi”. Sinon votre cerveau va bloquer car il trouvera la phrase incohérente.
- Tournez votre phrase de manière positive. Par exemple : ”Je suis une personne assurée” plutôt que ”Je ne suis pas une personne timide”. Car le cerveau ne perçoit pas le négatif (comme nous le verrons plus tard). Les mots ”ne” et ”pas” n’ont pas d’importance pour lui, il ne gardera donc que ”Je suis” et “timide”, ce qui est l’inverse de ce qu’on veut lui faire comprendre !
- Concentrez-vous le plus possible sur votre phrase, fermez les yeux si cela vous aide.
- Répétez votre phrase avec emphase, si possible à voix haute et de la manière la plus convaincue possible. Si vous ne pouvez pas le dire à haute voix, dites-le dans votre tête le plus fort possible.
- Répétez votre phrase jusqu’à ce que vous ayez l’impression que l’information est entrée et que vous resssentiez quelque chose de différent en vous, une émotion ou une sensation différente, plus proche de votre phrase (cela peut durer plusieurs minutes au début).
- Faites cet exercice tous les jours pendant les premières semaines, et refaites-le à chaque fois que vous en ressentez le besoin et dans les situations en rapport avec votre phrase.
Dans la 4ème partie de cette série d’articles [ Hacker son cerveau ] (je vous mettrai le lien ici lorsqu’il sera en ligne), nous verrons comment votre cerveau peut être une mine d’informations insoupçonnée quand vous chercher des solutions à vos difficultés, des réponses à vos questions ou bien lorsque vous souhaitez retrouver une émotion, et comment vous servir de cette mine d’or qui sommeille en vous ! 😉
Vous pouvez aussi lire ou relire les premiers articles de la série en cliquant sur ces liens :
– Votre plus grosse erreur quand vous souhaitez évoluer
– Modifier vos émotions et futures expériences avec la visualisation
En attendant, voici votre entraînement à réaliser d’ici la sortie du prochain article :
Essayez de prendre conscience régulièrement dans votre quotidien de tous les moments où vos comportements ne sont pas ceux que vous aimeriez, et de ce que vous aimeriez faire à la place.
Et dites-moi en commentaire, qu’aimeriez-vous faire à la place ? Quelles affirmations vous aideraient à changer cela ?
Quant à moi, je vous souhaite une belle semaine et vous dis à très vite, pour la suite de cette série. 🙂
Prenez soin de vous, et à très bientôt !
Anne Juguet, Le TDAH au quotidien
Une réponse
Excellent article <3