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comme un atout !

TDA/H et médicaments : savez-vous tout ce que vous devriez savoir ?

TDA/H et médicaments : savez-vous tout ce que vous devriez savoir ?

Depuis la sortie de cet article en 2020, Mr Alexanian a été radié de l’ordre des médecins. Cependant les propos tenus restent justes et ses conseils pertinents, et on m’a plusieurs fois spécifié que les informations qui se trouvent ici sont aidantes. J’ai donc décidé de laisser en ligne ce contenu afin que tout le monde puisse continuer à avoir accès à des indications qui peuvent être importantes pour ceux qui en ont besoin.

Bonjour cher hyper-lecteur.

En 2020 j’ai réalisé une longue interview avec l’ancien docteur en psychiatrie Jean-Baptiste Alexanian.

Pour vous faciliter la vie, j’ai décidé de découper cette interview en plusieurs petites vidéos, plus un podcast de l’interview complète !

Dans cet extrait d’interview, nous allons parler avec le docteur Jean-Baptiste Alexanian de TDA/H et médicaments, de prescription, des notices et de lobbying ! Que devez-vous savoir avant de vous faire votre avis sur ces questions ?

Bon(ne) lecture/visionnage !

Anne Juguet TDAH
Anne Juguet :

Vous avez créé une pétition pour pour le remboursement du méthylphénidate en France, est-ce que vous pouvez nous expliquer les conditions de prescription aujourd’hui de cette médication,   et pourquoi certains adultes sont remboursés sans souci alors que d’autres… on leur refuse la prescription ou même la délivrance dans les pharmacies ?

Jean-Baptiste Alexanian :

Alors en France, le méthylphénidate, qui est le seul traitement d’ailleurs qu’on a vraiment de disponible simplement librement pour le TDA/H de l’enfant et l’adulte c’est pas remboursé, eh bien le méthylphénidate c’est un traitement qui doit être prescrits à l’hôpital par un psychiatre un neurologue ou un pédiatre, donc à un enfant entre 6 et 18 ans pour que ce soit remboursé, en dehors de ces âges là en théorie… en dessous de 6 ans général ça se passe sans trop de problèmes, et au dessus de 18 ans effectivement ça dépend des caisses.

Cela dépend de si vous l’avez eu ou pas avant 18 ans, c’est-à-dire que certaines caisses, quand vous l’avez eu avant 18 ans, acceptent de continuer le remboursement, d’autres non. Et ça semble être d’un arbitraire assez incroyable, c’est vraiment complètement arbitraire, et c’est d’ailleurs assez scandaleux.

Et au-delà de 18 ans, si il y a une prescription médicale dans les mêmes conditions, hospitalières à l’initiation et ensuite tous les ans, eh bien vous n’êtes pas remboursé de votre traitement. Et ça peut être 50€, 60€, voire pour des gens qui ont des doses vraiment importantes, 80€ par mois, donc ça fait ça fait 600€, 800€ voire 1000€ par an, pour un traitement dont on sait qu’il est efficace y compris chez l’adulte (on a beaucoup d’études là dessus), qu’il a un profil de bénéfice/risque vraiment favorable, c’est grave, c’est extrêmement grave.

Anne Juguet TDAH
Anne Juguet :

Donc du coup si on est diagnostiqué après 18 ans, normalement on ne doit pas avoir de remboursement c’est ça ?

Jean-Baptiste Alexanian :

Toute prescription après 18 ans ne sera pas remboursée, sauf dans certaines CPAM si vous l’avez eu avant 18 ans.

Pour en savoir plus sur la prise en charge du TDA/H, voici une autre séquence de l’interview en cliquant ici.

Anne Juguet TDAH
Anne Juguet :

Pour en venir au médicament et aux problèmes qu’il peut y avoir avec les médicaments… En ce qui concerne les notices, il y a énormément d’effets indésirables qui sont notés sur les notices, comment ont fait une notice finalement ? Comment elles sont faites ces notices ?

Jean-Baptiste Alexanian :

Alors c’est important… les notices c’est vraiment quelque chose de compliqué parce qu’effectivement, si vous regardez une notice ça fait toujours très très peur. La notice c’est un outil technique administratif qui est là pour prévenir le maximum de choses possible.

C’est-à-dire que vraiment, c’est un truc où on se lâche complètement une notice. Vous voyez ? Tout ce qui peut peut-être exister, tout ce pour quoi on a eu un doute, qui serait peut-être lié au traitement, on le met dedans. Et on met le maximum possible et c’est un document qui permet de de recenser tous les trucs possibles et imaginables, y compris les trucs extrêmement rares ou y compris les trucs dont on est pas tout à fait sûr que ce soit imputable au traitement, mais qui se sont passés au moment où le traitement a été donné à quelqu’un. D’accord ? Les notices c’est sûr que c’est pas…

Dans les notices du méthylphénidate par exemple puisque vous parlez du TDA/H, vous avez plein d’effets secondaires possibles marqués dont on a vu qu’ils n’étaient pas statistiquement significatifs. Vous voyez ce que je veux dire ? Alors ça peut arriver, mais quand on prend de grands nombres de personnes, on se rend compte qu’en fait les effets secondaires même s’ils sont possibles, ils sont soit rarissimes et même parfois peut-être même pas lié directement au traitement. Ça arrive.

Alors oui pourtant à côté y a des effets secondaires effectivement directement liés au traitement, classiques dans le TDA/H. C’est fréquent les troubles du sommeil liés au médicament dans le TDA/H. C’est fréquent la perte de poids en début de traitement, lié au TDA/H. Voilà enfin des choses comme ça.

Anne Juguet TDAH
Anne Juguet :

D’accord, et c’est pas mis à jour en fonction des études qui sont faites ?

Jean-Baptiste Alexanian :

Alors c’est sensé l’être, mais le problème c’est que c’est pas une revue de la littérature scientifique vous comprenez ? Donc c’est pas fait pour ça, et c’est fait pour avertir de tout ce qui est possible et de tout ce qu’on a pu imaginer que. Vous voyez ? Donc ça a souvent beaucoup de retard sur la réalité parce qu’on veut être le plus sûr possible que si on l’enlève on n’a pas tort de l’enlever. Donc c’est utile, il faut les lire, mais il faut pondérer les choses quoi.

Si vous souhaitez en savoir plus sur le trouble d’anxiété et le TOP (Trouble d’Opposition avec Provocation), cliquez ici pour lire ou visionner cette autre séquence de l’interview dans laquelle nous abordons ce sujet.

Anne Juguet TDAH
Anne Juguet :

Est-ce que quand on parle de… alors là je vais vous poser la question un peu en faisant l’avocat   du diable on va dire, est-ce que finalement toutes ces histoires de médicaments, tout ça ne pourrait pas être du lobbying de la part de l’industrie pharmaceutique, c’est la question qu’on entend souvent, quelle est votre réponse du coup à cette question ?

Jean-Baptiste Alexanian :

Alors c’est intéressant, d’abord le TDA/H souvent les gens pensent que c’est une mode, les premières descriptions modernes du TDA/H c’est 1800… même pas, 1780. Donc déjà on se calme, le TDA/H ce n’est pas une mode récente, d’accords ? Les descriptions encore plus anciennes mais qui sont moins précises et moins qualitatives c’est 400 ans avant jésus-christ. Bon on se calme. Le TDA/H ça a toujours existé, c’était sûrement moins handicapant avant et c’est à mon avis pas étonnant que ce soit dans les temps modernes qu’on en parle de plus en plus, je vous ai dis qu’il y a une influence environnementale qui est majeure.

Soyons clairs, les gens qui disent que c’est un truc de labo le TDA/H en France aujourd’hui, vraiment mais on peut pas être plus éloigné de la réalité.

D’abord il y a un générique qui est sorti y a pas longtemps, l’année dernière je crois ou y a deux ans (nous sommes début 2020), et donc ça forcément, le fait de génériquer le traitement principal et le seul traitement disponible pour le TDA/H c’est-à-dire qu’ils vont gagner beaucoup, beaucoup moins d’argent. D’accord ? Donc il faut arrêter, c’est un marché qui est extrêmement limité donc enfin moi je vois pas comment ça peut être du lobbying des laboratoires pharmaceutiques. Moi j’ai jamais eu de contact avec les laboratoires de méthylphénidate, jamais.

C’est extrêmement sous-prescrit en France, on est un des pays développés qui prescrit le moins au monde. Bon les gens qui parlent le lobby pharmaceutique, de Big Pharma en France pour le TDA/H c’est grave quoi, franchement c’est grave.

Anne Juguet TDAH
Anne Juguet :

Vous parlez de la base transparence santé régulièrement d’ailleurs…

Jean-Baptiste Alexanian :

J’incite vraiment les gens à aller regarder sur la base transparence santé, moi je l’ai sur mon Twitter, je l’ai dans la page de description de la chaîne YouTube dans à propos, il y a le lien etc., j’essaie de le mettre vraiment partout parce que c’est vrai que il y a une autre époque où il y avait des liens très importants entre les docteurs du quotidien et l’industrie pharmaceutique.

Maintenant les docteurs du quotidien et l’industrie pharmaceutique c’est plus grand chose, c’est presque rien d’accord, et en tout cas c’est rien qui permette d’acheter un docteur. C’est-à-dire que aller au resto, se faire inviter au resto par un laboratoire, ça a jamais acheté un docteur de sa vie donc faut arrêter, les docteurs ils ont les moyens d’aller au restaurant, y a pas de problème, ils ont de la chance etc.

Mais des trucs qui pouvaient vraiment acheter quelqu’un, c’est vraiment fini pour les docteurs du quotidien. Quand je dis les docteurs du quotidien c’est 99,9% des docteurs. C’est des docteurs comme moi, comme tous mes collègues autour de moi etc. d’accord ? Les docteurs pas du quotidien, c’est-à-dire des docteurs avec une influence majeure sur sur la communauté médicale, qui pourraient augmenter les ventes d’un médicament, d’abord y en a très peu, et ils sont extrêmement fliqués. C’est fini ce temps là, franchement c’est terminé. Donc il faut vraiment accepter ça, il faut aller vérifier sur la base transparence santé. D’accord ?

C’est-à-dire que vous n’êtes pas obligé de croire les docteurs, vous pouvez le vérifier maintenant. Donc effectivement moi je ne crois pas en la théorie du Big Pharma qui cherche à vendre ses médicaments en trichant avec les docteurs, je pense qu’ils ne pensent qu’au fric, ça c’est sûr, les laboratoires pharmaceutiques ne pense qu’au fric, que au  fric, ça j’en suis certain, je pense que la santé publique ils s’en foutent complètement, ça c’est mon avis, alors j’espère qu’ils vont pas m’attaquer pour diffamation ou je sais pas quoi, ce sont des entreprises privées donc c’est sûr qu’elles ne pensent qu’au fric. Et elles cherchent des marchés, et pour le coup elles cherchent à avoir des médicaments efficaces pour gagner les marchés et vendre leurs médicaments le plus cher possible.

Donc voilà c’est… moi je suis pas fan de l’industrie pharmaceutique ça c’est sûr mais je reconnais aux chercheurs, et je remercie les chercheurs d’inventer régulièrement de nouvelles molécules pour soigner les gens, parce que sinon on serait en grande difficulté nous les docteurs.

Merci d’avoir lu cet article jusqu’au bout, j’espère que ce contenu vous aidera dans vos démarches. 🙂

Anne Juguet TDAH

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4 commentaires sur “TDA/H et médicaments : savez-vous tout ce que vous devriez savoir ?”

  1. Bonjour Anne, merci beaucoup pour cet interview. Et pour tous vos articles ainsi que votre e-book que j’ai téléchargé. J’ai découvert il y a 2 mois que je souffre du TDAH, alors que j’ai déjà 44 ans. Toutes ces années à penser que je suis peut-être bête, nulle, compliquée, etc… Je suis soulagée de savoir enfin. Mais abasourdie de voir à quel point ce trouble pourtant assez répandu, est inconnu de bien des médecins et psychiatres. Abasourdie de voir qu’il existe aussi peu de renseignements et d’aide, en français du moins…
    Par exemple je ne trouve pas d’information pour m’aider à m’extirper de mes moments d’hyperfocalisation qui m’amènent à me coucher parfois…le matin. Auriez-vous une astuce ou un site qui donne quelques pistes ?
    Cordialement, Lydie

    1. Bonjour Lydie,
      Merci pour votre commentaire. 🙂 Effectivement il y a encore trop peu de professionnels connaissant le TDA/H et pouvant le diagnostiquer correctement, mais cela avance petit à petit, lentement mais sûrement. 🙂
      Pour l’hyper-focalisation, je n’ai pas encore écris d’article sur le sujet mais c’est en projet ! Si vous ne l’avez pas encore lu, vous pouvez déjà aller voir mon article « Le trouble attentionnel dans le TDA/H : comment ça fonctionne et que faire ? », cela vous aidera à comprendre les bases du fonctionnement de l’attention.
      Commencez par vous demander : « qu’est-ce qui me fait rentrer en hyper-focalisation en général ? »
      Est-ce quand vous faites quelque chose qui vous passionne, etc. ?
      Vous pouvez ensuite utiliser différents outils et exercices pour apprendre petit à petit à réduire ou adapter ces moments d’hyper-focalisation :
      – des alarmes ou un Time Timer pour déterminer des plages horaires pour faire votre activité. Quand ça sonne, on arrête même si on n’a pas envie ou qu’on a « presque fini » ! Vous pouvez même déterminer de petites récompenses à vous attribuer si vous réussissez.
      – une application du type « Cloche de pleine conscience », qui fait sonner une petite cloche de manière aléatoire (ou non) pour vous rappeler de revenir dans l’instant présent.
      – l’exercice du STOP à faire régulièrement dans la journée (et à chaque fois que vous commencer quelque chose !) : 1. Je m’arrête, 2. J’observe ce que je suis en train de faire et ce qui se passe autour de moi, l’heure, etc., 3. Je me demande si je suis en train de faire ce que j’avais prévu de faire, 4. Je décide de continuer ce que je fais ou d’arrêter.
      – la méditation ou les exercices de pleine conscience : il existe différentes applications pour nous guider dans ce genre de pratiques, personnellement j’utilise l’application « Petit Bambou » qui est très complète (il y a des méditations/séances de pleine conscience guidées, des méditations libres dont on détermine le temps de la séance, un exercice de cohérence cardiaque, etc.), mais les autres applications sont très bien aussi !
      Il existe bien d’autres techniques mais elles sont difficiles à expliquer dans un commentaire. En revanche, un psychiatre qui connaît le TDA/H et pratique les TCC, ou un coach spécialisé, saura vous les apprendre et vous guider tout au long de votre chemin.
      J’aimerais juste rajouter ceci : une astuce, technique ou un exercice n’est efficace que si on le met en place dans son quotidien et qu’on le pratique chaque jour. Ne pas y arriver au début n’est pas un problème, c’est même normal ! Donc gardez patience, et quand vous voyez que quelque chose ne fonctionne décidément pas, demandez-vous pourquoi (la source de cet obstacle), et adaptez la technique de manière à contourner l’obstacle. 😉
      N’hésitez pas à me demander si vous avez d’autres questions, et prenez soin de vous. 🙂

      1. Merci beaucoup pour votre réponse très complète ! J’ai essayé le time-timer et cela fonctionne pour ce qui ne m’intéresse guère mais pas pour ce qui me passionne en effet. Je me rends compte à plusieurs reprises que je suis en mode hyperfocalisation mais c’est si dur de trouver le courage d’en sortir. Le time timer peut sonner, je l’arrête et je continue mon activité.
        Je commence à la mettre en place un système de récompense pour avancer dans mes tâches mais je n’avais pas pensé à l’utiliser pour me remercier de sortir de l’hyperfocalisation… merci. Je vais tester.
        La méditation de pleine conscience, je connais. Mais rester immobile et ne penser qu’à une seule chose, mes muscles par exemple, c’est pour le moment impossible. Avec un cerveau qui carbure non stop à 100km/heure, je ne sais pas me poser. J’aimerais tant car je suis si fatiguée.
        Merci pour vos conseils et votre blog. Je vais y réfléchir.

      2. En ce qui concerne les difficultés à rester immobile avec la méditation ou la pleine conscience, il est possible de pratiquer en marchant. Le mieux est de marcher lentement pour ne pas se laisser entraîner par le mouvement tout en gardant une activité physique. Pour les méditations guidées, on peux aussi aller marcher en extérieur par exemple. En méditation zen il existe aussi un exercice qui s’appelle « kinhin » et qui se pratique en marchant.
        Attention aussi, la méditation n’est pas « ne penser qu’à une seule chose », et surtout le but n’est pas d’y arriver, mais de s’entraîner (c’est normal de ne pas y arriver, sinon vous seriez déjà un maître !) 😉

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Bonjour,

Je suis Anne Juguet, coach de vie et diagnostiquée TDA/H ! Passionnée de psychologie, de neurologie, de développement personnel et de techniques d’apprentissage et de coaching, j’étudie ces différents domaines au travers du prisme du TDA/H et de ses troubles associés.

Si vous êtes hyperactif, hypoactif, inattentif, impulsif, hypersensible ou hyper-émotif, et que vous voulez améliorer votre qualité de vie, je vous montrerai sur ce site comment j’ai fait et vous ouvrirai la voie pour que vous puissiez vous aussi vivre vos particularités comme autant d’atouts dans votre vie !

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